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Regard politique : entre Regards & Politique
10 juin 2008

Nicolas, François, Xavier et Matignon

J'avoue que le comportement de Nicolas Sarkozy avec ses ministres tel qu'il transparaît dans la presse n'est pas simple à décoder. Mais je me risque à vous livrer mon sentiment et mon analyse.

 

Commençons par être factuel. François Fillon est Premier ministre et tout le monde s'accorde à dire que son bail est quasi-garanti jusqu'à janvier 2009, fin de la présidence française de l'Union européenne. On peut alors gloser sur le désamour entre Nicolas et François ; l'unique vérité est que Fillon est toujours à Matignon et qu'il y restera un temps normal pour un quinquennat. J'ajoute, qu'en vérité, personne ne peut dire que Sarkozy ne le gardera pas plus longtemps ; que va-t-il se passer dans les 7 mois qui viennent ? Personne ne le sait.

 

On parle néanmoins d'erreur de casting, non que Fillon ne soit pas la hauteur de Matignon mais qu'il ne forme pas un vrai duo avec Sarkozy. Si l'on additionne que Nicolas Sarkozy est avocat, c'est-à-dire issue d'une profession libérale qui par définition travaille de façon autonome, et que tous les livres s'accordent à parler du rôle de DRH de Cécilia ex-Sarkozy, on dessine une dynamique personnelle.Sarkozy reconnaît le talent, l'intelligence, la compétence, mais il apparaît comme étant peu à-même de constituer une équipe et de la faire travailler. Pour revenir au cas François Fillon, je crois qu'ils partagent une vision commune de la mandature et que rien de fondamental ne les sépare. Mais leur mode de fonctionnement est différent et Sarkozy a beaucoup de mal à apprécier ce qui n'est pas un autre lui-même.

 

Dans un article tout-à-fait amusant du 31 mai dernier, Christophe Jakubyszyn du Monde nous propose la liste des qualités valorisées par le Président de la République. Il en énonce 9 : être loyal, être hyper-dynamique (enchaîner les réformes), jouer grand public, obtenir des résultats, être politiquement incorrect, ne pas contredire le président, défendre le Président, être heureux (d'être ministre), être belle mais pas trop bling bling. En dehors de la loyauté à soi-même, on y reconnaît les caractéristiques de Nicolas Sarkozy lui-même. Pour le Premier ministre, ajoutons : avoir des aptitudes aux Affaires étrangères ; ainsi que nous l'écrivions dans notre article sur la réforme institutionnelle, la valeur ajoutée du PM dans le monde d'aujourd'hui c'est de démultiplier la voix de la France à l'international.

 

Alors quel Premier ministre après Fillon ?  On parle de Xavier Bertrand, Gérard Larcher, ou de Xavier Darcos. On se demande d'ailleurs encore pourquoi Gérard Larcher n'a pas été gardé au gouvernement. Ce qui me gêne dans cette liste comme avec Fillon, ce n'est pas la compétence et l'expérience incontestables des trois cités, c'est l'absence de ligne stratégique évidente. Nicolas supportera-t-il l'hyper médiatisation d'un Bertrand Premier ministre, la voudra-t-il pour prendre du recul ? Xavier Darcos n'apparaît pas comme un animal politique maîtrisant sur les bouts des doigts la joute électorale et partisane. Gérard Larcher pourrait devenir Président du Sénat et s'écarter lui-même de Matignon. Alors Alliot-Marie ? Et si Nicolas Sarkozy allait nous chercher une personnalité hors liste ?

 

J'ai envie de croire que la situation de la France pèsera lourdement dans la décision. Si le pays s'enfonce dans une léthargie économique, il lui faudra le meilleur des meilleurs, une grande compétence associée à une vision des réformes : ils ne sont pas très nombreux. Juppé ou Séguin ou même Raffarin pourrait resurgir de leur placard.

 

CAJJ

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