La transmission - ASFJ [II]

Transmettre au sein de la famille et des individus qui la constituent, c’est s’interroger sur le poids des secrets (de famille), sur le capital culturel et de la reproduction scolaire, sur la parenté des liens et des biens, sur l’héritage dans sa globalité. La famille actuelle ne garantit plus l’hérédité d’un statut ou d’un patrimoine, mais plutôt l’héritage d’une mémoire et d’une culture familiale dans lesquelles chacun puise à sa guise en y privilégiant les liens affectifs.

Transmettre dans la sphère des langues et de la communication c’est aborder le couple orageux que forment communication-transmission. En effet, le schéma linéaire « standard » de la communication, qui privilégie la transmission directe d’information entre un émetteur actif et un récepteur passif, n’a plus cours. La communication comme la transmission sont aujourd’hui conçues comme interactives, pleines d’obstacles et de contraintes médiatiques. Aucune production culturelle ne se pérennise ni ne se diffuse socialement par la simple multiplication physique de ses traces. Les objets ne font mémoire sociale que quand ils ont été transformés, réinterprétés et réinvestis par de nombreux créateurs inconnus. Il convient également d’aborder en même temps les idées religieuses, les supports techniques de diffusion et les institutions de la transmission. La création du monothéisme juif, l’invention du christianisme, la réforme protestante seraient des phénomènes relevant d’une analyse « médiologique ». La médiologie invite à ne pas penser la transmission des croyances et des cultures indépendamment des supports matériels (médias, techniques) et des supports institutionnels (organisations, Eglises, administrations ou partis). La médiologie soutient qu’il n’y a pas de système d’idées sans techniques de transmission et sans institution les transmettant. Au sujet de la diffusion et de l’évolution des langues, leur transmission est avant tout sociale. Leur naissance ou leur disparition est liée aux politiques linguistiques ou aux dominations économiques. La grande tendance actuelle est à l’adoption d’une langue de communication internationale et à une simplification des grandes aires linguistiques.
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