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Regard politique : entre Regards & Politique
13 mai 2008

Le pouvoir et la séparation des pouvoirs

Montesquieu a eu l'intuition de la nécessaire séparation des pouvoirs pour construire un régime de respect de la liberté individuelle. Aujourd'hui ce principe apparaît comme nécessaire à l'instauration de la démocratie et d'un régime respectueux des droits de l'homme.
Si le concept est d'une pertinence indiscutable, le choix des mots entraîne une lecture erronée de la réalité des phénomènes.
La séparation prônée est celle d'un régime où l'exécutif ne régente pas le législatif, où le judiciaire ne régente pas l'exécutif, etc., au gré des arbitraires.
Mais l'énoncé nous propose le terme de "pouvoir" alors que celui "d'autorité", à l'instar de l'autorité judiciaire, est plus conséquent. L'autorité doit exercer ses prérogatives dans le champ qui est le sien ; une fois le droit établi, le fait du prince ne peut changer le cours des choses.

Le pouvoir est une notion différente de celle d'autorité. Le pouvoir est unique et pluriel à la fois. Il existe un pouvoir en France, celui de la majorité présidentielle incarnée aujourd'hui par Nicolas Sarkozy. C'est cette majorité qui décide de la politique française, des lois, de leur exécution gouvernementale et du cadre judiciaire.
Le pouvoir n'en reste pas moins pluriel. Comme l'a énoncé Platon, l'esclave n'est pas soumis jusqu'au bout ; en effet, dans le refus absolu, il condamne son propriétaire et maître à le tuer et donc à perdre l'usage de son esclave. Le sociologue Bernoux nous propose sa définition du pouvoir.
La définition initiatrice, unilatérale et imparfaite est la suivante : “Le pouvoir de A sur B est la capacité de A d’obtenir que B fasse quelque chose qu’il n’aurait pas fait sans l’intervention de A.”
La réalité du pouvoir est la suivante : “Le pouvoir de A sur B est la capacité de A d’obtenir que dans sa relation avec B, les termes de l’échange lui soient favorables.” Les termes de l'échange disent que chacun doit dépenser, payer de sa personne pour obtenir le résultat et celui qui dépense le moins est celui qui a le pouvoir. Autrement dit : pour lequel des deux, le refus coûte-t-il le moins ? Le bandit a-t-il vraiment le pouvoir d'abattre son prisonnier qui refuse de lui dire la combinaison du coffre ? Résoudre cette équation, c'est faire son entrée dans la théorie des jeux.

Intégrer cette définition et cette réalité du pouvoir, évite l'inutile polémique sur la soi-disante supériorité démocratique du régime parlementaire sur le régime présidentiel. Tout le monde sent bien la non-pertinence de l'argumentation, mais la substitution de "pouvoir" par "autorité" clarifie définitivement les choses.

CAJJ

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