L'évaluation des ministres

La culture de l'évaluation n'est pas française ; elle est anglo-saxonne, elle a envahi les pratiques européennes, et investit par là le territoire français.
L'identité française aime le pilier de bar qui disserte longuement sur l'effet supposé de telle ou telle mesure à venir, en fondant ses arguments sur ses affinités politiques. Le pragmatique Anglais préfère mettre en oeuvre la mesure, suivre attentivement ses effets réels et en tirer des conclusions. On raconte ainsi que l'Angleterre a identifié qu'une couleur de pont était statistiquement défavorable au suicide ; ils auraient repeint leur pont de cette couleur sans intellectualisation inutile ; c'est une approche des choses qui nous ait très lointaine.
Il est tant que l'évaluation devienne une pratique généralisée. Elle appartient à la gouvernance moderne ; elle est loin des méthodes françaises qui tranchent des sujets grâce  à l'idéologie.
Bien sûr, il y a une bonne et une mauvaise qualité d'évaluation. Bien sûr ce n'est pas l'alpha et l'oméga pour juger des choses et se décider. Mais l'évaluation nourrit l'action d'abord et le vote ensuite tout de même. Elle permet à l'acteur d'observer son inefficacité relative, d'en chercher les explications et de construire de nouvelles réponses ; ceci est positif.
Une bonne évaluation comporte 3 niveaux.
Prenons l'exemple des Maisons de l'emploi, dispositifs de lutte contre le chômage.
La première évaluation consiste à savoir si ce programme est mis en oeuvre. On choisit des indicateurs pour estimer cette mise en oeuvre. On comptabilise le nombre de Maisons et on compare ce résultat à l'objectif. On compte le pourcentage de chômeurs relevant d'une Maison.
La deuxième évaluation consiste à mesurer l'activité des Maisons de l'emploi. Ainsi on regarde le nombre de prestations de services délivrés.
Troisièmement, on va s'intéresser à l'impact. Ces Maisons de l'emploi sont censées être plus performantes en matière d'appui aux chômeurs. Et bien, on va mesurer le taux de chômage et son évolution pour le territoire d'intervention de la Maison de l'emploi. Le niveau de l'indicateur nous permettra de savoir si le résultat est positif ou négatif. Ensuite, on comparera cet indicateur au même indicateur pour les territoires non pourvus de Maison de l'emploi ; cette comparaison nous permettra en partie de savoir si ce dispositif est plus performant que l'ancien.
Enfin, on procède à l'analyse des résultats, à la recherche des causes, à l'identification et la valorisation des bonnes pratiques et à l'élaboration de préconisations pour inverser les mauvais résultats.

Alors oui, vive l'évaluation intelligente et bien sûr sa communication.

L'UMP a créé un site qui suit la mise en oeuvre des promesses de campagne du candidat Sarkozy. On peut certes le critiquer. Mais ça a au moins le mérite d'exister, et de rendre les élus attentifs à ce qu'ils font et ne font pas. http://tableaudebord.u-m-p.org/accueil.html

CAJJ