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Regard politique : entre Regards & Politique
2 octobre 2007

Le PS peut-il se réformer ?

J'ai longtemps cru que le débat faisait partie de la culture de la gauche alors qu'il était absent à droite.
L'absence du débat à droite est moins nette qu'il n'y paraît. Dans l'esprit de la cinquième république, le président est élu par le peuple ; ce mode d'élection donne au Président de la République une légitimité exceptionnelle à énoncer et définir seul le projet pour la nation. Cet état de fait a été incarné pour la branche gaulliste par un de Gaulle totalement visionnaire et, pour la branche centro-libérale, par un Giscard d'Estaing absolument monarchique. En conséquence de quoi, les droites vivent en acceptant que la parole présidentielle fasse peu débat.
Néanmoins, la droite n'est pas fondamentalement idéologisée ; exception de 1986 et de la première cohabitation, elle ne se revendique pas d'une idéologie libérale. Aussi, pour elle, les choses ne sont pas bonnes ou mauvaises mais plus ou moins bonnes ou plus ou moins mauvaises; tout est affaire de nuances. Si elle ne dialogue pas toujours en son sein ou au-delà du cercle d'une certaine élite, elle accepte de plus en plus le dialogue avec les personnalités de la société civile et assume sans grande difficulté l'ouverture à la Sarkozy.
En 1992, François Mitterrand, intuitif extraordinaire et politicien plus qu'aguerri, avait choisi de proposer aux Français la ratification du traité de Maastricht par voie référendaire. A un an des législatives de 1993, il était persuadé que la droite se diviserait profondément sur la question. Il n'avait pas tord. Le duo Séguin-Pasqua a entraîné une lourde part de l'électorat de droite contre l'UDF et une minorité emmenée par Chirac. A la suite de quoi, tout est rentré dans l'ordre. Les électeurs de Séguin-Pasqua, comme leurs leaders, pensaient que Maastricht était une erreur, mais aussi que la vie continuait, que l'essentiel n'était malgré tout pas en jeu et que ce qui rassemblait l'électorat de droite était plus important que cette seule division.

A gauche, comme l'a exprimé récemment Lionel Jospin, le référendum sur le traité constitutionnel de 2005 a eu un effet désastreux. La gauche s'est divisée entre les pour et les contre. Elle ne l'a jamais digéré. Cela nous renvoit vers les bases des grandes idées politiques telles que nous les avons décrites dans la série d'articles du même nom. Pour la gauche et le PS en particulier, le monde est divisé en deux : les exploiteurs et les exploités. Il faut choisir son camp ; c'est celui des exploités. Or dans ce référendum, les tenants PS du non accusaient implicitement les tenants du oui d'être dans le camp des exploiteurs, et inversement.
En réalité, si le dialogue fait partie de la culture de gauche, c'est un dialogue emprunt de nombreux tabous. Le dialogue n'existe que dans le cadre de la pensée marxienne. Au PS, l'éclatement du parti entre la social-démocratie et la réforme socialiste traditionnelle est insoluble dans le débat.
Le PS n'arrivera à se réformer que lorsque le débat sans tabou fera vraiment partie de son identité. Pour cela, il faudra encore quelques années, que l'idée social démocrate ne soit plus entâchée de vieux réflexes marxistes. Alors le PS pourra voir la société telle qu'elle est, et il pourra alors lui proposer un projet fort, cohérent, réaliste et ambitieux.

Mais pour gagner les élections, il lui faudra davantage, notamment gérer son extrême gauche. Concrètement il s'agira que cet électorat reste très minoritaire dans un esprit de considération pour ces aspirations et protestations.

CAJJ
 

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